Comment Coyote apporta le feu, Leigh Sauerwein
Il demanda aux oiseaux de lui préparer un autre fagot.
Lorsque le fagot fut terminé, Coyote demanda aux oiseaux de l'attacher à sa queue. Puis il s'en alla. Coyote voyagea jusqu'aux marais salins au bord du grand océan chercher des cristaux de sel. Il fourra une poignée de cristaux sous sa joue gauche et une autre poignée sous sa joue droite. Puis il ramassa près de l'eau une quantité de coquillages aux couleurs brillantes. Lorsqu'il eut trouvé tout ce qu'il lui fallait, il partit en trottinant en direction de la montagne de feu.
La nuit tombait lorsque Coyote atteignit les flancs les plus élevés de la montagne de feu. Avançant doucement dans la pénombre, il aperçut le monstre qui gardait le côté est du cratère. Patiemment, Coyote attendit. Il observa le jaillissement régulier des flammes du fond du cratère. Lorsque la f1ambée cessa, il s'approcha des gardiens en secouant tout doucement les deux colliers de coquillages qu'il avait enfilés sur deux petites algues et en chantant d'une voix très douce :
<< Je suis le coyote sans cesse en errance, Je me promène partout, je me promène partout, Je suis le coyote qui brûle de curiosité, Je me promène partout, je me promène partout.>>
Lorsque les deux monstres entendirent le doux clapotement des coquillages et la voix basse de Coyote, ils s'approchèrent tous les deux du côté est du cratère.
- Qui es-tu pour oser grimper sur notre montagne ? crièrent-ils. Ne sais tu pas que nous pouvons te tuer avec une seule de nos flèches brûlantes ?
- je le sais bien, répondit Coyote. Mais je viens en ami, et j'ai pour vous un cadeau mereilleux.
- Nous n'avons pas d'amis! hurlèrent les monstres. Et si tu t'approches encore, tu seras tué !
Coyote s'immobilisa, mais il continua de secouer son petit collier de coquillages en disant :
- Écoutez! N'entendez-vous pas la voix de l'eau fraîche qui passe sur des sables mouvants ?
Cela faisait longtemps que les deux monstres gardaient le cratère de feu et qu'ils supportaient du matin au soir sa chaleur intense. L'idée de l'eau fraîche et du sable doux et soyeux les tenta donc. Le monstre brun demanda alors :
- Comment peux-tu faire venir de telles choses jusqu'ici ?
Et Coyote rêpondit :
- C'est mon cadeau pour vous. Chaque fois que vous agiterez ces coquillages, leur musique vous apportera de l'humidité et les rochers qui vous entourent se transformeront en sable soyeux.
- Que veux-tu en échange des ces coquillages magiques ? demanda le monstre gris.
- Rien du tout, je ne veux rien du tout en échange, répondit Coyote. Permettez-moi seulement de me rapprocher de votre feu pour me chauffer le dos. La nuit tombe et j'ai froid
- je veux bien te permettre de te rapprocher du feu jusqu'à ce que tu te sois réchauffé, dit l'un des monstres.
L'autre ne fit aucune objection. Alors Coyote passa entre les deux monstres et se tint là, le dos au feu.
- Donne-nous maintenant les coquillages magiques, ordonnèrent les gardiens.
Mais Coyote ne s'exécuta pas tout de suite. il prenait son temps car il attendait le craquèlement qui signifiait que le feu se levait à nouveau du fond du cratère. Et bientôt, il perçut effectivement le souffle du feu qui montait du coeur de la montagne. ..
- Eloigne-toi du bord ! crièrent les monstres. Tu es trop près du feu !
Alors Coyote agit rapidement. Tendant les colliers de coquillages, il dit :
- Voici vos colliers magiques, venez les chercher !
Lorsque les gardiens s'approchèrent pour s'emparer des coquillages, Coyote cracha l'eau salée de sa joue gauche dans les yeux du monstre qui se trouvait sur sa gauche. Puis il cracha dans les yeux du monstre qui se trouvait sur sa droite toute l'eau salée qu'il avait retenue dans sa joue droite.
- Mes yeux ! Mes yeux ! crièrent les monstres en se roulant par terre de douleur.
Les flammes étaient montées en haut du cratère. Alors Coyote laissa tomber le fagot attaché au bout de sa queue et le passa à travers le feu. Le fagot s'enflamma irnrnédiatement et Coyote bondit en avant et s'enfuit à toute allure. Alerté par les cris des gardiens, l'homme-feu accourut et tira sur Coyote ses flèches magiques qui jamais ne rataient leur cible. Coyote réussit à éviter les flèches en courant de gauche à droite. Cette course en zigzag le ralentit et le feu se rapprochait du bout de sa queue. Et arrivé dans la plaine, il mit le feu partout autour de lui. Coyote commençait à sentir une odeur de poils brûlés lorsqu'il arriva devant Première Femme.
- Voici votre feu haleta-t-il, à bout de souffle. Débarrassez-moi vite du fagot !
L'écureuil se prédpita pour couper les liens avec ses dents pointues. Et le fagot enflammé tomba au sol. Et tous ceux qui avaient froid purent se servir et ramener du feu chez eux. Mais jusqu'à nos jours, le bout de la queue de Coyote est resté tout noir.